La cigarette, addiction ou accessoire de mode?

Après avoir passé plus de deux mois en France, j’ai reçu tout à fait gratuitement une dose importante et répétée de nicotine et de cotinine. Depuis, je me lève et je l’avoue : “Bonjour, je suis Chrystelle et je suis une fumeuse passive!”

Après mes premières récriminations sur le côté assez inconfortable de cette odeur à toutes heures de la journée, le pire, croyez-le ou non, c’est que j’ai fini par m’habituer. (Soupirs)

Cette odeur finit par coller à la peau (au sens propre et figuré). Elle se mêle aux effluves enivrantes des parfums Angel, CK One, La Vie est Belle ou J’adore. Elle est intimement lié aux arômes de café, ou même au délicieux fumet des croissants et de la baguette fraîche le matin à 7h00. Savez-vous pourquoi? Simplement car cette odeur est PARTOUT tout le temps!!!

Des chiffres incroyables!

Après avoir spéculé sur les statistiques du nombre de fumeurs en France, je suis allée me renseigner et il s’avère que près de la moitié des personnes âgées entre 18 et 34 ans fument! Au Canada, en comparaison, 1 personne sur 5 fume. Dans le cas des deux pays, c’est énorme, mais étrangement, en France c’est moins que ce que je pensais (désolée…). 37% des adolescents fumeurs âgés entre 11 et 15 ans estiment ne pas pouvoir se passer de cigarettes et 100 milliards de cigarettes sont fumées chaque année.

Bref, avec 14 millions de fumeurs dans un pays, pas étonnant que chacun se fasse accoster (au moins!) deux fois par jour avec “t’as pas du feu?”, “t’as pas une clope?”.

Un vice… mais stylé?

Ce qui m’a frappé c’est que ce vice est porté avec tellement de classe là-bas. Pour les femmes, le look n’apparaît complet que lorsqu’elles arborent entre leurs doigts une cigarette rougie de leur rouge à lèvres fancy.

Pourtant si on y réfléchit, le tabac donne une haleine de chacal, un teint et des doigts jaunis, une voix rauque, mais qu’à cela ne tienne, les français arrivent encore et toujours à rendre l’acte de fumer sexy.

La cigarette en toutes circonstances

Il semblerait qu’il y ait un code social qui permet non seulement d’accepter mais de fumer en toutes circonstances. Lors de dîners ou de fêtes en hiver, tout le monde accepte par exemple de se peler les fesses avec la fenêtre ouverte dans l’appartement pour accommoder le phénomène. Boire, fumer et parler simultanément est également possible : cigarettes au bec, ils peuvent tenir un verre ou un café à la main même si on a l’impression qu’ils nous parlent la bouche pleine. Et honnêtement, tout cela se fait toujours dans un “glam” le plus total.

J’en suis arrivée à la conclusion que printemps, été, automne comme hiver, Zara, Vuitton, Chanel ou Givenchy, l’accessoire de mode qui rend les francais fashion c’est le prolongement fumant de leurs doigts : la cigarette, la cibiche, la sèche, la clope!

Lors de discussions, même leur gestuelle des mains nous force à remarquer la présence de cet objet fumant clairement identifié. Est-ce une part de l’identité culturelle des gaulois de se parer de leurs Gauloises?

Pour moi en tous cas, ma mémoire olfactive de mes séjours à Paris se résume à des effluves de parfum délicieuses et une odeur de tabac qui me pique le nez.

Qu’on aime ou pas, c’est Paris pour moi!