16 Feb 5 leçons de bonheur
Ou comment je me suis échappée d’une prison dorée !
“Tout ce qui brille n’est pas or!” C’est un dicton plutôt célèbre. Pourtant lorsque quelque chose brille et est servi sur un plateau d’argent, c’est dur de refuser, non ?
Il y a quelques temps, on m’avait proposé une opportunité professionnelle assez surréaliste à laquelle je n’avais jamais vraiment songé : gérer une maison de séminaire qui s’avèrait être, dans ce cas, dans un château. Le défi était a priori à la hauteur de ce que je recherchais : gérer une équipe d’au moins 20 personnes et un site d’une taille conséquente. Dans un contexte de remise en question professionnelle, d’une envie de neuf et de “plus”, cette nouvelle opportunité a été accueillie à bras ouverts car elle s’inscrivait dans un rêve plus grand; celui d’ouvrir un lieu culturel incluant (pourquoi pas) un B&B plus tard dans ma vie.
Les avantages étaient considérables : un emploi et training fournis pour mon partenaire et moi, une voiture et un logement de fonction (dans un château!), nourriture gratuite. Bref, de quoi convaincre les plus sceptiques.
Quelques doutes quand même…
Je ne vais pas nier que la peur et le doute étaient bien présents, car le risque était incroyablement élevé : pour saisir ce plateau d’argent tendu, il a fallu clôre une vie confortable qui devenait certes facile et prévisible mais qui était chouette. A maintes reprises, j’ai failli rebrousser chemin, mais ça brillait tellement! Quelque chose me disait que si je ne l’essayais pas, j’allais le regretter. Alors, les yeux éblouis et le coeur gros, nous avons tenté l’aventure en pensant que si on veut avancer et se réaliser, il faut saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent.
A pieds joints dans la nouvelle vie
Un déménagement à travers l’Atlantique plus tard, je nous revois encore, mon mari et moi, arriver au château dans lequel nous allions travailler, intimidés, en nous disant : “oh, c’est ici qu’on va vivre ET travailler? C’est… différent!”.
Au début, tout avait l’air gros : le lieu, le staff de 30 personnes, les 85 chambres, les groupes de clients de passage et la planification. Pourtant étrangement, après deux ou trois semaines, la montagne initiale était déconstruite et la prise de conscience que cette réalité allait être la mienne chaque jour de l’année, semaine comme weekend, m’a donné le vertige.
Et de redescendre sur terre…
L’attrait original du poste était d’avoir le pouvoir et la liberté de gérer et d’influencer le cours des choses dans un tel lieu, mais la réalité que je percevais était différente. Non seulement, je me rendais compte que cette latitude tant espérée était illusoire. De plus, nous partagions notre quotidien avec des gens qui avaient des valeurs, comportements et priorités beaucoup trop éloignés des nôtres (sans jugement, juste éloignés).
J’ai ensuite rapidement identifié que mon vertige était causé par l’impression d’être prisonnière d’un micro-système qui offrait certes des avantages bien brillants mais avec des barreaux aussi gros que ceux de Fort Knox. Je me sentais comme un hamster en cage qui n’a d’autres choix que de monter sur sa roue et de courir. Le hamster descend de sa roue, il est nourri, logé, blanchi, mais une fois repu, ses options sont limitées : il doit remonter sur la roue. Une perspective qui m’angoissait et me déprimait profondément.
Rester à l’écoute de soi
Après le premier mois, le vertige ne me quittait plus une seule seconde. Je commençais à pâlir à chaque fois que le réveil sonnait. Les barreaux de la prison dorée se resserraient chaque jour davantage alors que mon désarroi atteignait un niveau record!
Mais que faire : risquer de perdre nos deux emplois? Perdre tous les avantages en nature? Pour quoi? Qu’est-ce qui nous attendait si nous faisions cela à part le néant? Qu’est-ce qui pesait le plus lourd dans la balance : notre santé mentale et notre liberté ou tout ce qui avait l’air de briller, aux yeux du reste du monde mais qui était en réalité les coulisses amers d’un pseudo-confort qui nous faisait pleurer?
La décision
Sur fond musical d’“I want to break free” (Queen), mon partenaire et moi avons pris notre courage à deux mains et avons décidé que notre bonheur n’était pas monnayable et ne pourrait jamais exister dans un tel environnement. Notre vision de la vie était juste trop drastiquement à l’opposé de TOUT ce que ce poste représentait. Il convenait certainement à certains, mais il était clair que nous n’étions pas de ceux-là.
Alors, nous sommes partis, moins de 48h après avoir annoncé notre démission. Sans emploi, sans rien, juste avec nos valises, nous avons quitté un beau château français et honnêtement avec le plus gros sourire que nous avions eu en deux mois et un sentiment immense de soulagement. Tout ce qui allait arriver maintenant serait mieux que cela!
Les 5 leçons de cette expérience
Nous nous sommes longtemps demandés : comment et pourquoi n’avions-nous pas pu anticiper cela? Mais nous voulions tellement croire que c’était l‘opportunité en or, que nous nous en sommes persuadés. Nous avions besoin de savoir! Il fallait que nous le fassions.
A posteriori, on est toujours plus sages, donc voici ce que nous avons appris :
- Si une opportunité est trop belle pour être vraie, c’est que ce ne l’est peut-être pas, donc cherchez l’erreur! Rappelez-vous : tout ce qui brille n’est pas or.
- Vos valeurs sont vos guides, ne cherchez pas à correspondre à ce que la société attend de vous, restez authentiques!
- Faites confiance à votre instinct.
- Respectez-vous, si vous ne vous sentez pas bien dans un environnement, quittez-le et entourez-vous personnellement et professionnellement de gens qui vous font vous sentir bien.
- Finalement, essayez des choses folles et trompez-vous, cela vous permet de sortir de votre zone de confort, de grandir, de mieux savoir ce que vous voulez et de pouvoir écrire des histoires telles que “comment je me suis évadée d’une prison dorée”!
Chrystelle Maechler est une rédactrice indépendante, narratrice + voix française, réalisatrice de télévision et la chanteuse de jazz SOA. Elle aime les messages, contactez-la!
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